Faut-il positionner les prothèses devant ou derrière le muscle pectoral pour une augmentation mammaire ?

Je vais vous parler aujourd'hui des différences, avantages et inconvénients des prothèses rétromusculaires, c’est-à-dire posées derrière le muscle pectoral et des prothèses mammaires posées devant le muscle.

Avantages et inconvénients des prothèses posées derrière le muscle

Pour les prothèses mammaires positionnées derrière le muscle, l'avantage est que que l'on ne voit aucune transition trop marquée entre l’emplacement de la prothèse et la pente de la poitrine. On a une très jolie pente.

L'inconvénient esthétique, c'est que le muscle pectoral garde la prothèse en position haute et on retrouve des seins qui sont positionnés sur ce qu'on appelle le segment 1 et le segment 2, trop haut, alors que la partie sous le sein est trop courte. Le résultat donne un sein qui est naturellement trop haut placé, surtout chez les personnes au thorax long, avec un muscle pectoral qui s'insère haut.

L'inconvénient encore de cette position rétropectorale, c'est que le muscle pectoral est un muscle très puissant qui vient appuyer des centaines et des milliers de fois par jour sur la prothèse pouvant créer à terme des plis, des déformations sur les prothèses et même des fuites en les perçant.

Et puis, si la prothèse s'abîme, il se peut qu'une coque se créé autour de la prothèse. La coque est une formation de collagène autour de la prothèse généré par l’organisme qui se protège.

Finalement, la prothèse derrière le muscle ne présente pas que des intérêts, comme nous l'avons cru pendant très longtemps. Elle présente un intérêt esthétique, puisqu'elle cache la jonction entre la prothèse et le segment 1, mais elle présente aussi plusieurs inconvénients.

Avantages et inconvénients des prothèses posées devant le muscle

A contrario, si l'on est sur une prothèse devant le muscle, celle-ci n'est pas prisonnière du muscle, elle est véritablement à l’emplacement de la glande naturellement. Parce qu'une prothèse mammaire, c'est une prothèse de glande, elle vient remplacer une glande insuffisante ou inexistante, et il est logique de la mettre dans cette position-là.

Puisque le muscle pectoral va être derrière la prothèse, on obtient un sein qui est souvent plus bas, avec une pente qui est moins remplie. En revanche, le sein est à sa position naturelle, il n'est pas trop haut. Si l'on regarde la position par rapport au bras, on a un vrai joli déroulé de la courbure du sein en dessous et l'on évite ces pressions continuelles du muscle pectoral sur la prothèse quand elle est derrière le muscle.

On évite également ce que l'on voit parfois chez des femmes qui, lorsqu'elles sont dans des salles de sport ou quand elles mobilisent leur muscle pectoral, ont des seins qui remontent vers le haut.

L'inconvénient des prothèses placées devant le muscle, c’est qu'il n'y a que la peau pour retenir la prothèse et qu'on peut avoir des seins qui ont tendance à descendre, formant une zone qui n'est pas cachée par le muscle pectoral, marquée sous forme d’encoche. Ceci, aujourd'hui, peut être aisément corrigé par des injections de graisse.

On pratique dans ce cas une augmentation mammaire dite composite, associant une prothèse, pas forcément d'un gros volume, pour donner une jolie base au sein, et on complète ce geste par une injection de graisse autour, pour finir le galbe de la poitrine sans délimitation visible.

Mon conseil en tant que chirurgien

Je suis, à titre personnel, aujourd'hui bien plus favorable aux prothèses posées devant le muscle que derrière le muscle. Car avec une prothèse en position retropectorale, celle-ci restera trop haute avec le vieillissement de la patiente.

On constate aussi beaucoup plus de prothèses percées, abîmées, plissées à cause de l'action du muscle pectoral. Enfin, l'intervention est beaucoup plus agressive quand on passe derrière le muscle plutôt que lorsque l’on reste devant.

La limite, c'est qu'il ne faut pas mettre des prothèses trop grosses pour ne pas qu'elles pèsent trop. Une prothèse trop grosse pèserait comme une glande mammaire trop lourde et entraînerait un affaissement du sein.

Il faut effectivement que le sillon, ce qu'on appelle le sillon sous-mammaire, soit bien fixé pour ne pas avoir de glissement, puisqu’il n'y a pas de muscle qui retient les prothèses.

Dr François Niforos